La méthodologie Agile est l'une des principales approches modernes du développement logiciel, et ses principes sont repris par le DevOps et l'ingénierie de fiabilité des sites (SRE). Découvrez tout ce que vous devez savoir sur les valeurs et les piliers de ce framework !
Avant les années 2000, la principale méthode employée pour le développement logiciel et la gestion de projet était la méthodologie en cascade ou « waterfall ».
Cette approche était dérivée de la méthode de fabrication mise au point par Henry Ford en 1913 pour ses chaînes de montage, et plus tard appliquée au développement logiciel.
Toutefois, à l'aube du IIIème millénaire, le développement waterfall avait atteint ses limites. De nombreux développeurs logiciels ont commencé à remarquer que les cycles de production et méthodes de collaboration ne produisaient pas les résultats désirés.
Ce problème a débuté dès le début des années 1990, et il était devenu commun qu'une latence de plusieurs années s'installe entre les besoins d'une entreprise et la livraison d'une application fonctionnelle pour y répondre.
Déjà à cette époque, la demande des entreprises et les marchés pouvaient changer si vite que de larges pans de projets logiciels devaient être annulés avant même d'avoir été délivrés.
Cette perte de temps et de ressources a poussé de nombreuses équipes de développeurs logiciels à chercher une alternative. C'est ainsi que la méthodologie Agile a vu le jour en 2001.
Qu'est-ce que la méthode Agile ?
En février 2001, 17 développeurs logiciels se réunissent pour trouver une alternative au processus de développement de produit linéaire.
Ensemble, ils rédigent le Manifeste Agile : un document définissant les 4 valeurs et 12 principes du développement de logiciel Agile.
La méthodologie agile est un framework de gestion de projet, consistant à décomposer les projets en plusieurs phases dynamiques : les « sprints ». Ceci permet une amélioration continue du projet.
Il s'agit d'une approche itérative. Après chaque sprint, les équipes prennent le temps de réfléchir et de regarder en arrière pour vérifier s'il reste des points à améliorer. Ainsi, leur stratégie peut être ajustée pour le sprint suivant.
Plutôt que de développer le logiciel séquentiellement de la première phase à la suivante, conformément à la méthode waterfall, la méthode agile promeut le développement et le testing comme des processus concurrents et continus.
Autrement dit, alors que le développement waterfall implique de finir une phase complète avant de passer à la suivante, la méthode agile autorise de multiples séquences à survenir en simultané.
Les 4 piliers du manifeste Agile
Le Manifeste Agile définit les quatre valeurs de la gestion de projet Agile. Ces quatre piliers constituent les fondements de la méthodologie.
Tout d'abord, une équipe Agile doit faire passer les individus avant les outils et les processus, et prioriser la collaboration et le travail d'équipe.
Deuxièmement, le logiciel développé par une équipe Agile doit fonctionner. C'est une priorité, qui doit passer avant les travaux additionnels comme la documentation. La qualité du logiciel est le principal objectif.
La troisième valeur phare est la collaboration avec le client. Les équipes doivent accepter que les clients guident le développement du logiciel, et privilégier la collaboration aux détails secondaires comme la négociation de contrat.
Enfin, plutôt que de suivre un plan fixe et prédéfini, la méthode Agile implique de rester flexible et de réagir aux changements. C'est l'un des principaux avantages de cette approche, car les équipes peuvent rapidement changer de stratégie ou de flux de travail sans perturber l'ensemble d'un projet.
Quels sont les 12 principes Agile ?
À partir des quatre valeurs piliers de la méthodologie Agile, son équipe de créateurs a déterminé 12 principes. Ils peuvent être adaptés pour répondre aux besoins de chaque projet.
Le premier principe est la satisfaction des clients par le biais d'une amélioration et d'une livraison continue. En effet, grâce aux mises à jour régulières, les clients ont plus de probabilités de voir les changements souhaités dans un produit. La satisfaction générale augmente donc.
Le second principe est l'acceptation des besoins de changements, même tard dans un projet. Le framework Agile repose entièrement sur l'adaptabilité, et nécessite de rester flexible.
Le troisième principe consiste à délivrer fréquemment de la valeur aux clients et aux parties prenantes. Là encore, le but est de mieux les fidéliser.
Le quatrième principe consiste à déconstruire les silos dans les projets. La collaboration est indispensable au framework Agile, et les individus doivent parvenir à collaborer plus fréquemment.
Il est également nécessaire de construire des projets autour d'individus motivés. La méthode Agile fonctionne bien mieux quand les équipes sont dévouées et travaillent activement pour atteindre l'objectif.
La façon la plus efficace de communiquer est en face à face, y compris par visioconférence. Le manifeste Agile appelle à communiquer de cette façon entre les membres d'une équipe distribuée.
Toujours selon cette méthode, la meilleure façon de mesurer le progrès est un logiciel fonctionnel. Les équipes Agile doivent se focaliser sur le produit, et prioriser son fonctionnement avant tout.
Le huitième principe consiste à maintenir un rythme de travail supportable. Même si ce rythme peut être soutenu, les membres de l'équipe doivent pouvoir rester en forme et éviter le burn-out.
L'excellence continue permet d'accroître l'agilité. Si une équipe développe un excellent code en un seul sprint, elle peut continuer à l'améliorer lors du prochain sprint. Un travail continuellement impeccable aide les équipes à avancer plus rapidement.
La simplicité est également considérée comme essentielle. L'un des buts d'Agile est de ne pas compliquer inutilement les projets, et de trouver des réponses simples aux problèmes complexes.
Les équipes autonomes, capables de s'organiser seules, sont considérées comme celles apportant le plus de valeur. Comme pour le cinquième principe, une équipe proactive est un actif des plus précieux pour l'entreprise.
Enfin, le douzième principe consiste à réfléchir et ajuster régulièrement la façon de travailler pour accroître l'efficacité. Les réunions rétrospectives sont une pratique commune de la méthode Agile, permettant aux équipes de regarder en arrière, de réfléchir à leurs performances et d'adapter leurs stratégies.
Les avantages de la méthode Agile
La méthode Agile est couramment utilisée pour le développement d'applications ou de logiciels. Pour cause, les logiciels changent constamment et les besoins liés au produit évoluent en parallèle.
C'est la raison pour laquelle les méthodes de gestion de projet linéaire comme le modèle waterfall sont moins efficaces. Toutefois, la méthode Agile présente de nombreux autres points forts.
Il s'agit tout d'abord d'une approche adaptable, et c'est d'ailleurs de ce point qu'elle tire son nom. Elle confère aux équipes la capacité de changer très rapidement de stratégie, sans pour autant perturber le cours d'un projet.
Au contraire, avec l'approche waterfall classique, changer de stratégie peut constituer un défi puisque les phases coulent l'une dans l'autre. Le reste de la feuille de route peut être bouleversé à la moindre modification. Les développeurs favorisent généralement la méthode Agile.
Par ailleurs, l’agilité encourage le travail d'équipe collaboratif. Le manifeste invite à communiquer en face à face, et à déconstruire les silos au sein de l'organisation. Même à l'ère du télétravail, les outils de visioconférence comme Zoom permettent de continuer à appliquer cette doctrine.
Autre point fort : la méthode Agile se focalise sur les besoins du client. C'est particulièrement important dans le domaine du développement logiciel. Grâce aux logiciels basés sur le cloud, les équipes peuvent rapidement recevoir le feedback de leurs clients.
En collaborant avec les clients, les équipes Agile peuvent prioriser les nouvelles fonctionnalités du logiciel pour répondre aux besoins les plus urgents. En cas de changement de ces besoins, l'approche Agile permet aussi de changer rapidement de stratégie.
Pourquoi la mise en place de l’agilité est importante ?
Le développement logiciel Agile joue un rôle majeur dans la stratégie de transformation numérique adoptée par de nombreuses organisations.
En réalité, cette méthodologie forme la fondation de nombreux outils numériques modernes. Le Cloud Computing et son infrastructure IT flexible et extensible ont connu leur essor grâce à la demande en développement Agile .
De même, le développement cloud-native adopte une approche similaire à Agile puisque le logiciel est une série de services interconnectés pouvant s'étendre pour répondre aux besoins de l'entreprise.
La méthodologie DevOps reprend plusieurs des principes Agile, comme la suppression des silos et la collaboration. L'ingénierie de fiabilité des sites repose sur l'automatisation des tâches d'exploitation. Les méthodes CI/CD quant à elles impliquent le changement continu du logiciel et permettent aux développeurs d'accélérer le développement de nouveaux codes.
Kanban, Scrum, XPM... Quelles sont ces variantes Agile ?
Le framework Agile regroupe plusieurs variantes différentes. Voici un aperçu des méthodologies Agile les plus populaires.
Kanban est une approche visuelle d'Agile. Les équipes utilisent les outils en ligne Kanban pour représenter la progression des tâches dans le processus de développement. Les tâches sont représentées par des cartes sur une planche, et les étapes sont représentées par des colonnes.
En travaillant sur des tâches, les membres d'équipe déplacent les cartes depuis la première colonne vers la dernière. Cette méthode est idéale pour identifier les obstacles et visualiser le volume de travail accompli.
Scrum est une méthodologie populaire auprès des petites équipes, reposant sur les sprints. L'équipe est dirigée par un « maître Scrum » dont le rôle principal est de dégager tous les obstacles empêchant les autres membres d'exécuter leurs tâches au quotidien. Une équipe Scrum se réunit quotidiennement pour discuter des tâches encore, des obstacles et de tout autre élément pour impacter le projet.
Le « sprint planning » ou planification de sprint est l'événement marquant le début du sprint. Il définit ce que le sprint doit délivrer, et de quelle façon. La « rétrospective de sprint » est une réunion récurrente permettant de tirer des leçons du précédent sprint pour améliorer le prochain.
La méthodologie XP ou Extreme Programming est utilisée dans le domaine du développement logiciel. Elle englobe les valeurs permettant à une équipe de collaborer plus efficacement. Ces cinq valeurs sont la communication, la simplicité, le feedback, le courage et le respect.
XP reprend le concept de réunions régulières et d'itérations du Scrum, mais adopte une approche beaucoup plus technique. C'est une méthode idéale pour permettre aux équipes développement, la relaxe rapide et la réactivité aux requêtes des clients.
L'Adaptive Project Framework (AFP) ou Adaptive Project Management (APM) est né de l'idée que des facteurs inconnus peuvent survenir à tout moment dans le cadre d'un projet. Cette technique est utilisée sur les projets IT pour lesquels les techniques de gestion de projet traditionnelles ne fonctionnent pas.
Les différentes ressources d'un projet, comme le budget ou les membres de l'équipe, peuvent changer n'importe quand. Le framework AFP se focalise donc sur les ressources disponibles plutôt que sur les ressources requises.
L'Extreme Project Management (XPM) est employé pour les projets très complexes avec un très haut niveau d'incertitude. Cette approche implique d'adapter constamment les processus jusqu'à atteindre les résultats désirés.
En effet, les projets complexes impliquent de nombreux changements spontanés et les équipes doivent pouvoir changer de stratégie d'une semaine à l'autre. Le XPM requiert beaucoup de flexibilité, et chaque sprint est donc très court.
La méthodologie Adaptive Software Development (ASD) permet à une équipe de s'adapter rapidement aux besoins de changements. Elle se focalise principalement sur l'adaptation continue.
Le projet se décompose en différentes phases de spéculation, collaboration et apprentissage pour permettre un apprentissage continu au fil du projet. La structure est non-linéaire, et les différentes phases peuvent se chevaucher. La fluidité de ce type de gestion augmente la probabilité de détecter et de résoudre les problèmes plus rapidement.
La Dynamic Systems Development Method (DSDM) applique l’agilité à l'intégralité du cycle de vie d'un projet. Sa structure et sa fondation sont donc plus rigoureuses que les autres méthodes Agile.
Les quatre phases principales du DSDM sont l'étude de faisabilité, l'itération de prototype, l'itération de design et de build, et l'implémentation.
Enfin, le Feature Driven Development (FDD) combine les meilleures pratiques des différentes méthodes Agile. Il s'agit d'une méthode itérative de gestion de projet, mais elle se focalise sur les fonctionnalités du logiciel en développement.
Ce modèle repose fortement sur la collaboration avec les clients, puisque les fonctionnalités proposées sont celles qu'ils requièrent. En outre, cette approche permet aux équipes de mettre à jour les projets plus fréquemment. En cas d'erreur, un correctif peut être implémenté rapidement.
Comment apprendre la méthode Agile ?
L'approche Agile est au cœur du développement moderne de logiciels. Ses principes et valeurs sont repris par d'autres méthodologies comme la DevOps et l'ingénierie de fiabilité des sites (SRE).
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